COVID19Témoignages

Témoignage: Derrière les difficultés, l’optimisme !

« Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté. »

Winston Churchill

Si la situation actuelle provoque à juste titre, anxiété, culpabilité infondée, voire désespoir chez nombre d’entre nous, certain·es choisissent d’essayer de saisir malgré les tensions et les incertitudes, les morceaux de joies, d’humanité et de bienveillance qui nous aident à tenir le coup !

C’est le cas de cette interne qui dans son témoignage nous invite à voir aussi toute la beauté de la solidarité des soignant·es mis·es à rude épreuve par l’épidémie de Covid-19. Nous vous laissons découvrir les paroles de Sophie, interne en 2e année de spécialisation en gériatrie, en espérons qu’elles vous mettront un peu de baume au cœur en cette période de crise.

Et n’oubliez pas de témoigner ici, chaque expérience compte et doit être connue et entendue par le plus grand nombre.

Sophie interne en 2e année de gériatrie

« Pourquoi témoigner uniquement de ce qui ne va pas ? Pourquoi ne pas lancer une vague de positivisme pour pallier l’épuisement et permettre de montrer que malgré la situation nous pouvons avancer et sortir vivant de cette crise sanitaire ? Mon témoignage ne sera donc pas fataliste… Je vous propose quelques mots réalistes avec une pointe d’optimisme.

Certes, la situation n’est pas la plus optimale, nous consacrons encore plus d’heures au travail et rentrons épuisés, les heures de sommeil se font plus rares et l’appétit n’est pas au beau fixe… Pourtant, je vous assure que l’on peut rester positif !

Dans mon service d’affectation nous avons tout réorganisé afin de pouvoir accueillir les patients atteints de COVID. Comme demandé par le gouvernement – créer encore plus de lits de réanimation – d’autres services ont été transformés en « Réa » et des professionnels ont été formés à la ventilation mécanique. Nous avons également créé une Unité de Sevrage Ventilatoire.

J’ai pu participer, aider, réfléchir à toute cette réorganisation avant que nos réa soient pleines… J’ai même intégré un groupe de discussions éthiques et assuré des astreintes « soins palliatifs » pour prendre en charge dignement les patients qui n’étaient pas « éligibles » à la réanimation.

Oui, nous sommes de garde 1 jour sur 3 au mieux… 1 jour sur 2 au pire… les nuits sont rythmées et nous ne voyons presque pas la chambre de garde parce que très sollicités.

Je suis DES (spécialisation, ndlr) de gériatrie, actuellement en semestre libre en réanimation (Réanimation des grands brûlés avant la crise), et la population admise me concerne de très près… J’oscille entre éthique et incompréhension, désespoir et optimisme, je me questionne chaque jour quant à l’avenir de nos aînés alors qu’ils sont encore intubés ventilés…

Mais, j’ai la chance de travailler dans une grande famille où tout le monde s’entraide. Nous gardons notre rigueur et notre mission première qui est celle de soigner. Nous n’oublions pas notre humour, nous gardons en tête que nous sommes avant tout des humains avec leurs propres limites. Alors, quand une nuit est plus difficile qu’une autre, quand les décès deviennent insupportables… c’est ensemble que nous surmontons cela !

Je salue tous les professionnels avec lesquels j’ai la chance de travailler. Mon énergie n’est plus la même qu’au début de cette crise, je fatigue, je pleure, je cauchemarde parfois, j’entends les alarmes dans mon sommeil, je me réveille en sursaut pensant entendre mon téléphone de garde alors que je suis chez moi et parfois j’ai le sentiment de n’avoir pas été à la hauteur…

Mais, grâce à tout le personnel soignant ou non soignant avec lequel je travaille, je parviens à retrouver le sourire et me dire que j’ai le droit d’être satisfaite de mon travail. Nous ne pouvons sauver l’humanité tout entière… ce n’est pas pour cela que nous sommes mauvais !

Regardons fièrement nos patients qui sortent de réanimation et ayons une pensée humble et remplie d’empathie envers ceux (et leur famille) qui n’ont pas eu cette chance, applaudissons-nous d’être encore debout et ne masquons pas notre fatigue mais continuons à prendre soin de nous mutuellement, offrons-nous des instants privilégiés de craquage total où l’humour nous envahit sans pour autant nier que la situation est grave, partageons nos bons plans « remonte-moral »,… bref VIVONS ! »

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ISNI

L’InterSyndicale Nationale des Internes représente et rassemble les internes de France métropolitaine et des DROM-COM depuis 1969. L’ISNI représente plus de 12 000 internes, répartis dans les associations et syndicats de subdivisions membres.

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