Communiqués de Presse

Les internes méritent avant toute prime une revalorisation salariale durable

La rémunération salariale des internes en Médecine n’est pas une problématique récente : “Internes payés moins qu’un SMIC”, “Interne esclave des temps modernes”; telles sont les idées qui viennent rapidement à l’esprit quand l’on associe temps de travail et salaire des internes de Médecine en France.

D’une part, depuis 2015, le temps de travail a été fixé par arrêté à une limite de 48 heures. La réalité est en fait toute autre, puisqu’un.e interne travaille en moyenne 58 heures par semaine, avec certains dépassant parfois la centaine d’heures de travail hebdomadaire d’après les différentes études faites au sein de l’ISNI en 2012 et 2019, et un respect du repos de sécurité de plus en plus mis à mal dans certaines spécialités et/ou subdivisions.

D’une autre part, le salaire des internes n’a pas été soumis à de nouvelles réévaluations à la hausse depuis 2010. 

“Au total, un interne est payé en moyenne moins de 7 euros brut/h en confrontant les réelles heures de travail fourni et la rémunération obtenue en fin de mois”

En effet et pour rappel, les montants bruts annuels de la rémunération d’un interne de médecine sont :

  • Internes de 1ère année : 16 605,13 €
  • Internes de 2ème année : 18 383,46 € 
  • Internes de 3ème, 4ème, 5ème année : 25 500,55 €
  • Faisant fonction d’interne (FFI) : 15 105,87 €
  • Interne effectuant une année de recherche : 24 182,74 €

A cela s’ajoute un montant brut mensuel de l’indemnité de sujétions particulières allouée aux internes de 1er, 2ème, 3ème, 4ème semestre de  432,58 € et aux FFI  de 432,58 € et des montants bruts annuels des indemnités compensatrices d’avantages en nature pour les internes et les résidents en médecine avec :

  • une majoration pour ceux qui sont non logés et non nourris : 1004,61 € 
  • une majoration pour ceux qui sont non logés mais nourris : 334,32 € 
  • une majoration pour ceux qui sont non nourris mais logés : 670,29 €.

Autre indemnité pouvant exister : celle de la prime de responsabilité pour les internes de médecine générale pendant leur stage autonome en soins primaires ambulatoires supervisé (SASPAS) qui est fixée à 125 € par mois, ou encore une indemnité de transport versée aux internes qui accomplissent un stage ambulatoire dont le lieu est situé à une distance de plus de quinze kilomètres, tant du centre hospitalier universitaire auquel ils sont rattachés administrativement que de leur domicile élevée à 130 € brut par mois.

Les gardes sont rémunérées à hauteur de 119,02 € brut au titre du service de garde normal (4 gardes de semaine et une garde de week end). Il existe une majoration du tarif de la garde qui est rémunérée à hauteur de 130,02 € brut pour la nuit du samedi au dimanche, le dimanche ou jour férié en journée, la nuit du dimanche ou d’un jour férié, la garde au delà du service normal. L’indemnisation des astreintes est fixée selon une indemnité forfaitaire de base de 20 € avec complément selon la durée et nombre d’interventions (cf précisions dans le lien).

“ Une grande partie des revenus perçus par les internes sont constitués de primes, indemnités; sans réévaluation récente à la hausse des salaires perçus depuis dix années ”

En 2020, nos ministères créent encore 2 nouvelles primes concernant les internes : 

  • La prime spéciale Docteur Junior de 5000 € brut lors de la première année de phase de consolidation et 6000 € brut lors de la deuxième année. Mais pourquoi ne pas procéder à une augmentation de salaire lors de cette phase de consolidation plutôt que de procéder à une forme de rémunération sous forme de prime?
  • La prime ponctuelle des soignants de 1500 €, dans le contexte COVID, qui d’après la déclaration sur Twitter d’Olivier Véran du 24 avril; concernera au final TOUS les internes des départements les plus touchés, et une prime de 500 € pour tous les autres internes. Un dispositif de revalorisation des gardes effectuées est prévu mais il ne concerne que les gardes réalisées au delà d’une par semaine. Elles seront indemnisées 180 euros pour 14 heures de travail de nuit consécutives contre 120 euros habituellement. Les éléments prévus pour les heures supplémentaires ne concernent pas les internes, puisque nous n’avons pas de décompte horaire du temps de travail permettant un décompte des heures supplémentaires effectuées au-delà des 48 heures de travail règlementaires. Aucun texte réglementaire n’est encore paru toutefois à ce jour concernant cette prime.

Après plusieurs semaines de grève nationale, avec un programme de 6 grands thèmes de revendications portant notamment la demande pertinente et compréhensible d’une revalorisation salariale sur les gardes indexée sur le coût de la vie, il n’y a eu aucune annonce concrète faite sur ce sujet par les ministères. Les seules propositions faites sont des primes, encore et toujours des primes, ce qui est loin d’être une reconnaissance durable à la hauteur de notre travail.

“ Les primes sont une mascarade, et ne permettent pas une reconnaissance sur le long terme du réel travail fourni ”

Le COVID19 a permis de mettre en lumière la fragilité de l’Hôpital Public et de l’organisation managériale du système de la santé en France en général. Cette crise sanitaire aurait pu être une plus grande catastrophe sans l’imagination de système D ou dons d’associations et d’entreprises pour avoir des équipements de protection, sans l’incroyable solidarité des équipes soignantes, et notamment sans l’implication massive des internes en Médecine que nous sommes à l’effort collectif. 

“ Une prime ponctuelle est bien entendue la bienvenue pour féliciter tout cela, mais ne doit pas être la seule forme de reconnaissance ”

Les soignants, dont les internes, ont été comparé à “des soldats combattants un ennemi invisible” pendant ces deux derniers mois. Mais c’est tous les jours que nous “combattons”, ou plus précisément que nous soignons, que nous ne comptons pas nos heures, dans le but d’apporter le maximum de nos compétences au service de la santé des Français. 

“ Les internes ne “combattent” pas seulement pendant la période COVID 19, ils et elles soignent et accompagnent pleinement les patients au quotidien ”

Ce que demande l’ISNI : la reconnaissance du travail des internes par une augmentation de leur salaire, notamment en revalorisant les gardes avec une indexation sur le coût de la vie. Non les demi-gardes, interdites depuis 2012, ne sont pas une bonne proposition de revalorisation du temps de travail. Elles représentent un réel recul en terme de progrès social.

En 2020, il est donc venu le temps de reconnaître et de revaloriser le travail indispensable des internes à sa juste valeur!

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ISNI

L’InterSyndicale Nationale des Internes représente et rassemble les internes de France métropolitaine et des DROM-COM depuis 1969. L’ISNI représente plus de 12 000 internes, répartis dans les associations et syndicats de subdivisions membres.

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