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Les internes s’opposent au démantèlement programmé du CHU de Caen

Dans un courrier adressé au Président de la république, 14 médecins de spécialités différentes, praticiens hospitaliers et professeur universitaires, et Sacha Weber, président du syndicat des internes de Basse-Normandie (SIBN), s’opposent au projet de reconstruction du CHU de Caen, comprenant la suppression de 200 lits et à un dimensionnement insuffisant des blocs opératoires et des plateaux techniques, bridant d’emblée toute évolution.

L’épreuve de vérité qu’est la crise sanitaire l’a montré, la déprogrammation totale et exceptionnelle de toutes les activités non indispensables n’a pu libérer qu’environ 200 lits d’hospitalisation conventionnelle.

Ils jugent donc le projet irréaliste, et ont saisi toutes les instances administratives locales et l’agence régionales de santé qui n’ont donné aucune réponse. Ils saisissent donc directement le Président de la République. Par ailleurs, cinq parlementaires du Calvados ont eux saisi le ministre de la Santé et des Solidarités :

Lettre-Parlementaires-du-Calvados-Olivier-VERAN-CHU-de-CAEN

Le contenu de la lettre à M. Emmanuel Macron :

Monsieur le Président,


La ville de Caen doit voir s’ériger d’ici 2026 un hôpital moderne, très attendu par l’ensemble des soignants et par la population de la région. Mais comment s’en réjouir alors que nous savons ce projet d’ores et déjà inadapté à sa mission de soins et de recours, voire obsolète ?


Vous avez, monsieur le Président, salué l’engagement et l’investissement des personnels hospitaliers ; vous avez estimé nécessaire des « décisions de rupture » pour reprendre le contrôle de notre capacité à soigner et annoncé un plan massif d’investissement pour l’hôpital. Le futur CHU de Caen est l’occasion de montrer votre détermination et de concrétiser votre engagement à refonder l’hôpital. En quoi le projet est-il inadapté ? Le futur CHU a été conçu selon la manière de gestion hospitalière « d’avant crise », selon une logique économique, avec une optimisation des taux d’occupation des plateaux techniques, d’ambulatoire ou d’hospitalisation, aboutissant à une suppression de 200 lits et à un dimensionnement insuffisant des blocs opératoires et des plateaux techniques, bridant d’emblée toute évolution. Et que dire des open space pour pallier le manque de surface ? Il y a quelques mois nous déclarions ce projet irréaliste. Aujourd’hui, nous en avons la conviction, confortée par l’épreuve de vérité qu’est la crise sanitaire : la
déprogrammation totale et exceptionnelle de toutes nos activités non indispensables n’a pu libérer qu’environ 200 lits d’hospitalisation conventionnelle. Comment tiendrions-nous l’ensemble de nos activités dans le futur CHU avec 200 lits en moins ? Le CHU de demain ne peut pas être sous-dimensionné, il doit être capable de poursuivre ses missions fondamentales et de répondre aux crises sanitaires. Nous ne voulons pas d’un hôpital qui nous imposera de choisir entre les malades que nous pourrons prendre en charge.

La crise sanitaire a mobilisé les soignants vers l’urgence vitale et semble avoir balayé la crise de l’hôpital public de ces derniers mois. Pourtant l’hôpital traverse bien une double crise, sanitaire et de gouvernance. L’association factice des soignants au projet de reconstruction, leur impossibilité d’influer sur les arbitrages pour des enjeux pourtant bien médicaux, constituent un marqueur clair du déséquilibre dans les décisions.

Bien que nous soyons soutenus par Joël Bruneau, président du conseil de surveillance du CHU, nous n’avons reçu aucune réponse de l’ARS Normandie. Nous sollicitons votre arbitrage et vous demandons, monsieur le Président, de bien vouloir ordonner une révision du projet de reconstruction du CHU de Caen, afin de faire de notre futur CHU un outil adapté pour répondre aux enjeux qui nous attendent.

Restant à votre disposition, nous vous prions d’agréer, monsieur le Président de la République, l’expression de notre respectueuse considération.


Le bureau du collectif du CHU de Caen
Dr Ségolène Arzalier, anesthésie réanimation
Dr Arnaud de la Blanchardière, infectiologie
Dr Emilie Chaplain, urgences
Dr Daniel Cohen, médecine polyvalente
Pr Thông Dao, hépatologie
Dr Cyril Guillaume, douleurs et soins palliatifs
Dr Valérie Jaillon, neurologie
Dr Mikael Jokic, réanimation pédiatrique
Dr Damien Legallois, cardiologie
Dr Agnès Le Querrec, biologie médicale
Dr Marietta Musikas, gastroentérologie
Pr Marie-Astrid Piquet, nutrition gastroentérologie
Dr Goulven Rochcongar, chirurgie orthopédique
Dr Thérèse Simonet, anesthésie réanimation
Sacha Weber, interne en médecine, président du syndicat des internes de Basse-Normandie (SIBN)

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L’InterSyndicale Nationale des Internes représente et rassemble les internes de France métropolitaine et des DROM-COM depuis 1969. L’ISNI représente plus de 12 000 internes, répartis dans les associations et syndicats de subdivisions membres.

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