Pourquoi une réforme du troisième cycle en 2017 ?
L’objectif est d’améliorer la formation théorique et pratique des internes en la modernisant tout en proposant une formation plus précoce et plus complète, sans allonger la durée des études. Il s’agit d’une réflexion qui date depuis déjà de nombreuses années. Pour les tutelles, il s’agit de mieux répondre aux besoins de santé de la manière en proposant une architecture de l’internat permettant d’anticiper le futur exercice de l’étudiant dès son choix à l’ECN. Le diplôme d’études spécialisées (DES) devient un diplôme nécessaire et suffisant à l’exercice de la spécialité, les diplômes d’études spécialisées complémentaires (DESC) sont ainsi supprimés. Ils sont remplacés soit par des formations spécialisées transversales (FST), soit par des DES à part entière : gériatrie, médecine d’urgence, filiarisation des DES chirugicaux… Ainsi, il existe dorénavant 44 DES.
La structure en 3 phases
La nouvelle structure de l’internat est divisée en trois phases sur 4 à 6 ans selon les maquettes ; excepté en MG pour l’instant : 2 phases en 3 ans (cf. maquette de MG).
Le but est d’avoir une progression selon les phases des connaissances et des compétences de l’interne, avec des objectifs par phase et un contrat pédagogique à respecter.
Les stages seront agréés pour une ou plusieurs phases pour chaque spécialité (agrément dit « principal » ou « complémentaire »). Les choix de stages au cours de l’internat seront donc sur des listes différentes selon la phase de la spécialité suivie.
Les connaissances et compétences seront évaluées de manière régulière par une commission locale de coordination de spécialité. Il en existera pour chaque spécialité dans chaque ville d’internat (subdivision). Sa mission sera de s’assurer de l’organisation et du respect de la formation suivie par l’étudiant et de son accompagnement à l’appui du contrat de formation. Elle est présidée par le coordonnateur local, et regroupe de médecins et internes référents.
Formation théorique
Chaque interne disposera d’un portfolio numérique et d’un accès sur le volet « 3ème cycle » de SIDES en tant qu’interface de e-learning. La semaine comporte 8 demies-journées en stage, et 2 demies journées hors stage :
– 1 demie-journée de formation sous responsabilité du coordonateur
– 1 demie-journée de formation en autonomie.
En parallèle, des enseignements par simulation peuvent compléter les enseignements classiques.
Suivi pédagogique
Votre parcours sera suivi par votre coordonateur, ainsi que la commission locale de coordination de spécialité. Un « référent » peut également être désigné et participer à votre suivi en assistant le coordonateur ; il aura accès à votre portfolio.
Les maquettes
Chaque DES possède une maquette de stages à respecter avec le nombre minimum de stage en milieu universitaire, de stages dans la spécialité ou dans d’autres. Ces maquettes vous sont présentées dans le descriptif des spécialités de ce guide ; les détails sont en annexe de l’arrêté du 21 avril 2017.
Les précédents conseillers ministériels l’ont répété à plusieurs reprises : si la durée de formation est modifiée (dans le cadre de la commission de suivi de la réforme), elle pourrait l’être pour tous les internes de la réforme.
Les stages peuvent se faire en hospitalier : milieu universitaire ou non (définit par la présence d’un hospitalo-universitaire au sein du stage); en ambulatoire (cabinet libéral) auprès d’un maitre de stage universitaire ; en structure de soins privés ; en hospitalisation à domicile ; en milieu communautaire (PMI, centre de planification,…); en entreprise (médecine du travail…)
Les stages mixtes correspondent à des terrains de stages où vous pourrez découvrir en même temps plusieurs modes d’exercice d’une même spécialité : par exemple, mi-temps hospitalier et mi-temps libéral.
Les stages couplés correspondent à des terrains de stage où vous pourrez découvrir en même temps plusieurs spécialités : par exemple, gynécologie/pédiatrie.
La phase 1 : phase socle
C’est la phase d’acquisition des connaissances de bases de la spécialité qui se fera dans des terrains de stage agréés avec théoriquement un fort niveau d’encadrement. Elle dure un an sauf en biologie médicale (2 ans). Un contrat de formation est établi à la fin de la phase socle et définit les objectifs pédagogiques et le parcours de formation avec le choix d’option/FST. L’interne participera à des enseignements transversaux communs avec d’autres spécialités sur une plateforme d’e-learning.
La phase 2 : phase d’approfondissement
Pendant cette phase, l’interne continue sa formation et devra débuter puis soutenir obligatoirement sa thèse avant la fin de celle-ci sauf en MG. Les stages hors subdivision (inter-CHU) ou à l’étranger seront possibles à partir de cette phase.
La phase 3 : phase de consolidation
Au cours de cette phase, l’interne change de statut et devient « docteur junior », marquant une progression dans le troisième cycle avant le plein exercice. Elle dure un an pour les spécialités médicales, deux ans pour les spécialités chirurgicales et n’existe pas encore pour les généralistes. Le salaire sera bien entendu revalorisé avec ce nouveau statut.
L’étudiant thésé devra obligatoirement s’inscrire au Conseil Départemental l’Ordre des Médecins sur une liste spécifique.
La phase 3 sera réalisée dans des stages ayant l’agrément spécifique de phase 3 (milieu hospitalier ou ambulatoire) pendant 6 mois ou 1 an. L’affectation dans un stage de phase 3 se fera selon le projet professionnel, les vœux de l’étudiant et le vœu des responsables de dans un principe de «big matching». Il est prévu deux « tours » de matching régional, à l’issue duquel si rien n’est trouvé pour l’étudiant, le choix pourra être guidé par l’ARS.
Les actes pourront être réalisés en autonomie supervisée, avec une volonté de progression des actes pendant la phase.
Les gardes seront réalisées sur la ligne de garde des internes, puis dès que le chef de service, l’étudiant et le coordonateur sont d’accord, sur la ligne de garde des séniors. A ce moment là, un sénior « back-up » doit être disponible à tout moment.
La qualification dans la spécialité (obtention du DES) n’est acquise qu’après validation de la phase 3 et la soutenance d’un mémoire.
Les Options et FST
Bien que les DESC disparaissent, il existera une possibilité de se surspécialiser dans un domaine particulier par le biais des options et des FST (formation spécifique transversale). Elles ouvriront le droit à un exercice complémentaire de la surspécialité en question.
Les options sont propres à chaque spécialité. Les FST sont des options communes à plusieurs spécialités.
Les options et FST au sein des DES à 4 ans rallongeront la durée de celle-ci d’un an.
Le nombre de postes ouverts par option/FST et par subdivision sera soumis à arrêté annuel, tout le monde ne pourra donc pas accéder à ces formations.
Le choix des options et FST se fera dans le cadre du contrat pédagogique établit avec l’étudiant. Vous ne pourrez que réaliser qu’une option OU une FST au cours de votre troisième cycle.
La parution de l’arrêté relatif aux FST est prévue pour juillet 2017.
L’ISNI mettra à jour le site futur-interne.com pour évaluer les options/FST disponibles dans chaque ville.
Mémoire
Le mémoire de DES peut être autre chose qu’un article de recherche original : s’il n’est pas spécifiquement défini par la maquette de votre DES, ce sera « un recueil organisé de ses travaux témoignant de ses apprentissages ; il peut porter sur les travaux scientifiques [que l’interne] a réalisés ».
Et après ? Le Post-DES
Les nombres de postes de CCA ou d’Assistant dans les hôpitaux ne seront à priori pas modifiés. Le cadre d’accès au secteur 2 ne sera pas modifié. Le statut de docteur junior octroiera la validation d’une des deux années nécessaires en tant qu’« ancien Assistant des hôpitaux » pour l’accès secteur 2 (projet de décret de « docteur junior » en cours d’étude à l’heure de l’écriture de ces pages).
Il existera une possibilité de réaliser un deuxième DES en cas de volonté de réorientation (durée de formation raccourcie selon les acquis d’expérience). L’ouverture de ces postes répondra alors aux besoins de santé publique et sera faite sur dossier par la commission régionale de la spécialité concernée.
De même, il est question que les FST soient accessibles après le troisième cycle : les modalités n’en sont pas encore connues.
A l’heure de l’écriture de ces pages, il y a une volonté d’aborder une possible réforme du post-internat : Il ne faut pas que la création de la phase 3 supprime le post internat. Ce serait une précarisation de notre métier.
Affaire à suivre…